Quand les beaux jours pointent le bout de leur nez, nombreux sont ceux qui ressortent leur matériel pour entretenir leur jardin. Mais un outil en particulier, bien qu’omniprésent dans les cabanons, pourrait bientôt disparaître du paysage français. Et pour cause : derrière son apparente banalité, il cache une pollution atmosphérique méconnue, bien plus inquiétante qu’on ne l’imagine.
Une machine bien plus sale qu’elle n’en a l’air
La tondeuse thermique, c’est un peu l’alliée de toutes les pelouses impeccables. J’en ai moi-même hérité une de mon grand-père, increvable et bruyante comme un vieux tracteur. Sauf que cette robustesse cache un lourd revers : son moteur, généralement à deux temps, brûle un mélange d’essence et d’huile qui dégage une panoplie de substances nocives. On y retrouve du monoxyde de carbone, des hydrocarbures imbrûlés, mais aussi du protoxyde d’azote, un gaz à effet de serre près de 300 fois plus puissant que le CO₂.
Selon le California Air Resources Board, une heure de tonte avec une tondeuse thermique équivaut à parcourir 500 kilomètres en voiture. Le chiffre a de quoi faire réfléchir, surtout à l’heure où la réduction de l’empreinte carbone est devenue un objectif planétaire.
Bruit, gaz : un cocktail explosif pour l’environnement
Outre la pollution de l’air, ces tondeuses sont aussi de véritables bombes sonores. Certaines peuvent atteindre jusqu’à 105 décibels, soit le niveau sonore d’une ambulance qui passe à pleine puissance. Pour les voisins — et pour les oreilles du jardinier — cela peut vite devenir insupportable.
En réponse à ces constats accablants, la Californie a déjà franchi le pas : depuis janvier 2024, les tondeuses thermiques y sont interdites, au même titre que d’autres petits équipements à essence. Une décision radicale mais cohérente, destinée à réduire la double nuisance environnementale et sonore.
Une interdiction en France bientôt à l’étude ?
Chez nous, le débat commence à émerger, notamment dans les collectivités engagées dans des démarches de transition écologique. Les élus et acteurs du secteur des espaces verts envisagent une sortie progressive des outils thermiques, au profit d’alternatives plus propres.
Parmi celles-ci : les tondeuses électriques, silencieuses et moins polluantes, mais aussi les robots tondeurs qui, bien que plus onéreux à l’achat, séduisent de plus en plus les jardiniers amateurs. Certaines marques proposent même des modèles alimentés par panneaux solaires, une solution encore marginale mais prometteuse.
Vers un changement durable des habitudes
Si l’interdiction des tondeuses thermiques venait à être actée en France, cela représenterait un tournant pour les pratiques de jardinage. Mais c’est aussi l’occasion de repenser notre rapport à la nature : tondre moins souvent, favoriser les prairies fleuries, laisser des zones de refuge pour les insectes… autant de gestes simples qui participent à la biodiversité.
Alors oui, dire adieu à nos vieilles tondeuses peut sembler difficile — surtout pour ceux qui ont grandi avec leur ronronnement du samedi matin — mais c’est peut-être le prix à payer pour un jardin vraiment éco-responsable.