Elle est belle, majestueuse, et fait souvent sensation dans les jardins. Pourtant, l’herbe de la pampa cache bien son jeu. Sous ses plumeaux soyeux et ses tiges élancées, cette plante venue d’ailleurs est devenue une menace pour la biodiversité. Et elle n’est pas seulement problématique sur le plan écologique : elle peut aussi vous valoir une amende salée, voire très salée…
Une beauté trompeuse : l’herbe de la pampa sous surveillance
Si vous avez déjà été séduit par ses grandes hampes plumeuses flottant au vent — blanches, parfois rosées —, vous n’êtes pas seul. On la retrouve encore dans certains catalogues de déco ou bouquets séchés. Mais cette plante originaire d’Amérique du Sud, la Cortaderia selloana, est aujourd’hui dans le collimateur des autorités françaises. Classée parmi les espèces exotiques envahissantes, elle est interdite à la vente, à l’achat, à la culture… et même à la simple détention.
Ce que peu de jardiniers savent, c’est que cette graminée peut s’implanter sans qu’on l’y invite. J’ai moi-même découvert un plant qui avait pris racine près du talus de ma maison, sans que je ne l’aie jamais planté. Elle s’était invitée, portée par le vent, probablement depuis un jardin voisin.
Une invasion rapide… et silencieuse
Le vrai problème ? La capacité de reproduction phénoménale de la plante. Un seul pied femelle peut produire jusqu’à 10 millions de graines en une seule saison, dispersées par le vent sur plusieurs dizaines de kilomètres. Résultat : elle colonise rapidement les milieux naturels — prairies, bords de route, friches, zones humides — et y étouffe la flore locale.
Elle pompe l’eau, crée de l’ombre, prend toute la place. La Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) et l’Office français de la biodiversité (OFB) tirent la sonnette d’alarme depuis plusieurs années : ces plantes invasives représentent une vraie menace pour les espèces locales.
Un danger pour la biodiversité… et pour votre portefeuille
Au-delà de son impact environnemental, cette plante peut vous exposer à des sanctions lourdes. En cas de contrôle, la possession ou le maintien volontaire d’un plant d’herbe de la pampa dans votre jardin peut vous valoir jusqu’à 150 000 € d’amende et 3 ans d’emprisonnement, conformément à l’article L415-3 du Code de l’environnement.
Cela peut paraître excessif pour un végétal décoratif, mais l’enjeu est de taille. L’Union européenne a inscrit la Cortaderia selloana sur la liste noire des espèces interdites, au même titre que la jussie ou la renouée du Japon.
Comment s’en débarrasser sans risques ?
Si vous en repérez un pied dans votre jardin, pas de panique, mais agissez vite. L’arrachage doit se faire avec précaution, idéalement en dehors de la période de floraison, pour éviter toute dispersion de graines. Portez des gants — ses feuilles sont coupantes — et brûlez les déchets végétaux si cela est autorisé dans votre commune.
Pour éviter toute propagation involontaire, ne compostez surtout pas les résidus, et renseignez-vous auprès de la mairie ou d’un syndicat de traitement des déchets sur la procédure à suivre.