C’est souvent un coup de cœur visuel. On passe devant cette haie dense et élégante, et l’idée germe : « Et si je mettais du bambou chez moi ? » C’est vrai, c’est beau, ça pousse vite, et ça cache à merveille les voisins un peu trop curieux. Sauf que quelques années plus tard, le rêve peut virer au cauchemar… végétal.
J’ai moi-même vu une amie passer ses week-ends à déterrer des rhizomes après avoir planté une petite haie « zen » en bordure de terrasse. Elle n’avait pas vu venir l’invasion végétale. Alors si vous envisagez d’adopter le bambou doré, voici ce que vous devez savoir avant de sortir la bêche.
Un cache-vue efficace… mais invasif
Le bambou doré, ou Phyllostachys aurea, est plébiscité pour sa capacité à créer rapidement une barrière naturelle dense et occultante. Il pousse vite, ne craint ni le vent ni les regards indiscrets, et donne un petit air de jardin japonais en plein centre-ville. Sur le papier, tout pour plaire.
Mais dans la réalité, c’est un peu comme inviter un colocataire discret… qui finit par repeindre les murs et changer les serrures. Car cette plante n’est pas seulement vigoureuse, elle est aussi extrêmement envahissante, et son système racinaire peut se faufiler partout — même là où vous pensiez avoir mis des limites.
La fausse sécurité des barrières anti-rhizomes
Ceux qui connaissent un peu le sujet vous diront : « Pas de panique, il suffit de mettre une barrière anti-rhizomes. » Et c’est vrai… en théorie.
Sauf que dans la pratique, ces barrières doivent être parfaitement installées : enterrées à au moins 60 à 70 cm de profondeur, et surtout dépasser de 5 à 10 cm au-dessus du sol. Sinon, les rhizomes (ces tiges souterraines traçantes) n’ont aucun mal à les contourner ou les escalader.
Dans le cas de mon amie, elle avait pourtant suivi les recommandations trouvées sur Internet. Résultat : trois ans plus tard, elle retrouvait du bambou… sous la pelouse, dans ses massifs de vivaces, et même dans le composteur. Une vraie partie de cache-cache avec la nature.
Quand le bambou prend ses aises… et tout l’espace
Ce qui est trompeur avec le bambou, c’est qu’il met souvent un ou deux ans avant de vraiment se sentir chez lui. Mais une fois bien installé, il peut étendre ses rhizomes sur plusieurs mètres à la ronde.
Selon l’Union Nationale des Entreprises du Paysage (UNEP), les espèces traçantes comme Phyllostachys aurea peuvent coloniser un terrain à grande vitesse, surtout si le sol est meuble et bien arrosé. Et une fois qu’il a conquis un espace, le déloger devient un travail de titan.
On voit parfois des propriétaires contraints d’utiliser des pelleteuses ou même de refaire complètement leur jardin. Autant dire qu’il vaut mieux réfléchir à deux fois avant de planter ce type de bambou à la légère.
Mieux vaut prévenir que guérir
Si vous tenez absolument à intégrer du bambou dans votre décor, voici quelques alternatives responsables :
Choisissez des bambous non traçants (ou cespiteux), comme les Fargesia. Leur croissance est plus contenue, et ils ne s’étendent pas sans prévenir.
Utilisez de grands bacs étanches, si vous souhaitez conserver des variétés traçantes sans risque pour le jardin.
Pensez à installer une barrière anti-rhizomes de qualité professionnelle, et contrôlez-la chaque année.
Enfin, informez-vous auprès d’un professionnel ou de votre jardinerie locale avant tout achat.
En jardinage, il y a des erreurs qui se corrigent facilement… et d’autres qui prennent des années à réparer. Planter du bambou sans anticiper sa nature expansive fait clairement partie de la seconde catégorie. Mieux vaut se méfier des solutions miracles trop rapides et prendre le temps de concevoir un jardin durable.
Et vous, avez-vous déjà eu affaire à un bambou récalcitrant ? Ou avez-vous trouvé une méthode naturelle pour le maîtriser sans tout arracher ? Vos retours d’expérience valent de l’or pour les jardiniers en herbe comme pour les chevronnés !