Elle évoque les plats mijotés de notre enfance, les bons petits plats du dimanche et les cuisines conviviales. Pourtant, la fameuse cuillère en bois, si chère à nos habitudes, n’est pas aussi inoffensive qu’elle n’y paraît. Sous ses airs rustiques et chaleureux, elle peut devenir un véritable terrain de jeu pour les bactéries. Alors, faut-il s’en méfier, ou simplement apprendre à mieux s’en servir ?
Un bois pratique, mais propice aux microbes invisibles
Il y a quelques années, j’ai offert un atelier cuisine à ma mère pour la fête des mères. À la fin, le chef a lancé en plaisantant : “Les cuillères en bois ? On les bannit chez moi, sauf pour la déco.” Sur le moment, j’ai souri. Puis, j’ai compris qu’il ne plaisantait qu’à moitié.
Le bois est un matériau poreux : il absorbe l’eau, les graisses, les sucs alimentaires… et tout cela peut s’y loger durablement. Résultat ? Même avec un bon lavage, certaines bactéries restent incrustées dans les fibres. Dans les cuisines professionnelles, cet ustensile est d’ailleurs interdit, conformément aux normes sanitaires strictes édictées notamment par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).
Le biofilm : le signe que votre cuillère est fichue
Parmi les signaux d’alerte, le plus sournois reste le biofilm : cette fine couche légèrement gluante qui peut apparaître après un certain temps d’usage. Si vous touchez votre cuillère et qu’elle semble “collante” même après lavage, mieux vaut ne pas insister. Ce biofilm est un refuge à microbes : il protège les colonies bactériennes, rendant tout nettoyage inefficace.
Même les astuces maison – comme le bain de vinaigre ou de bicarbonate – ne suffisent pas toujours à éliminer ces micro-organismes persistants. C’est comme essayer de désinfecter une éponge usée : parfois, il faut simplement accepter de la remplacer.
Faut-il dire adieu à la cuillère en bois ?
Pas nécessairement. Comme pour tout ustensile, l’essentiel est de surveiller son état et de savoir quand lui dire au revoir. Dès qu’elle présente des fissures, une odeur tenace ou un aspect visqueux, il vaut mieux ne pas prendre de risque.
En pratique, il est conseillé de ne pas utiliser la cuillère en bois pour les plats très gras, les sauces à base de viande ou de poisson, et de la renouveler tous les 6 mois à 1 an selon l’intensité d’utilisation. Pour ceux qui aiment vraiment ce contact doux et naturel, privilégiez les bois durs (comme l’olivier), moins absorbants que les bois tendres.
Quelles alternatives plus hygiéniques adopter ?
Pour ceux qui préfèrent ne pas jouer avec le feu (ou avec les bactéries), il existe des solutions plus sûres. Les cuillères en silicone alimentaire ou en inox sont aujourd’hui des options de choix. L’inox, en particulier, est utilisé dans les hôpitaux et les cuisines collectives pour ses propriétés antibactériennes et sa facilité d’entretien.
Le silicone, lui, a l’avantage d’être doux avec les casseroles et de résister à la chaleur. Il n’absorbe ni les odeurs ni les graisses, ce qui en fait un excellent compromis entre praticité et hygiène de cuisine.
En fin de compte, la cuillère en bois n’est pas un ennemi, mais elle demande une vigilance accrue. Un bon réflexe ? La considérer comme une éponge de cuisine : utile, mais à durée de vie limitée. Mieux vaut prévenir que guérir, surtout quand il s’agit de ce qui atterrit dans nos assiettes.